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Sondage sur les forestiers 2020

Le pouvoir de négociation des entrepreneurs forestiers est en hausse, alors que 40% ont vu leurs tarifs augmentés au cours des cinq dernières années. 

6 mai, 2021  par Ellen Cools



Les résultats du sondage sur les entrepreneurs forestiers réalisé en 2016 et en 2018 par les magazines Opérations forestières et Canadian Forest Industries ont révélé que les entreprises forestières du Québec étaient, en moyenne, plus petites, avec des coûts inférieurs et une main-d’œuvre plus jeune. Ces résultats étaient de bon augure pour la province.

Mais les résultats de l’enquête 2020 montrent que la situation change. Bien que les opérations au Québec demeurent dans les rentables au Canada, avec succès grandissant pour la négociation des tarifs d’exploitation, le coût d’exploitation est à la hausse, de même que l’âge moyen des entrepreneurs, alors que les volumes de récolte restent faibles. Dans l’ensemble, les résultats suggèrent que l’industrie pourrait connaître des changements importants au cours des cinq prochaines années.

Voici les principaux constats tirés du sondage réalisé auprès de 271 entrepreneurs forestiers au Canada, dont 70 au Québec.

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Tarifs et bénéfices
Les entrepreneurs québécois continuent d’avoir du succès dans la négociation des tarifs, alors que 40 % des entrepreneurs ont vu leur tarif augmenté au cours des cinq dernières années. En 2018, ce nombre était de 34% et en 2016, de 17% seulement. Mais c’est encore loin des 64% des forestiers de l’Alberta qui ont leurs tarifs augmenter, ou même des 50% en Ontario.

Ceux qui ont vu leurs tarifs augmenter ont accru leur marge bénéficiaire. Le Québec continue d’être l’une des régions les plus rentables pour les entrepreneurs forestiers, alors que 17% ont déclaré une marge bénéficiaire de 11% ou plus. Seule l’Alberta a de meilleurs chiffres, avec 36% déclarant une marge bénéficiaire de 11% ou plus. Malgré cela, un plus grand nombre d’entrepreneurs québécois ont déclaré n’avoir fait aucun profit en 2019 par rapport à 2017 – 19% contre 13%. Une grande proportion (26%) déclare avoir réalisé un bénéfice de 1 à 3%.

Il faut savoir que les coûts d’exploitation dans la province ont augmenté depuis 2018. Au total, 87% des entrepreneurs québécois disent que le coût de la main-d’œuvre a augmenté et 76% disent que les coûts du carburant ont augmenté. 

Partout au pays, les coûts d’assurance ont monté en flèche. Au Québec, 87% des répondants disent que les coûts d’assurance ont augmenté au cours des trois dernières années, probablement en raison de l’augmentation du coût des machines. Mais le coût de la machinerie demeure plus bas au Québec que dans les autres provinces, avec seulement 35% des bûcherons québécois qui estiment que l’achat de machinerie a augmenté considérablement, comparativement à 55% à l’échelle nationale.

Salaire des opérateurs
Poursuivant la tendance observée ces dernières années, les opérateurs de machines du Québec sont moins bien payés que ceux de l’Ouest canadien. Les salaires sont en hausse Ontario, alors que 50 % des entrepreneurs payent maintenant 26 à 30 $  de l’heure. À titre comparatif, seulement 35% des entrepreneurs québécois paient ce taux, tandis que 38% paient entre 21 et 25 $ l’heure. Un petit pourcentage paie plus de 30 $ l’heure (3 %) et aucun ne paie moins de 16 $ l’heure. De plus, plus de la moitié (57%) des entrepreneurs québécois déclarent ne pas offrir de bénéfices marginaux. 

Charge de travail
Partout au pays, il y a également eu une diminution du nombre d’heures d’opérations par semaine. La proportion des entreprises qui sont en opération plus de 70 heures par semaine est passée de 40% en 2018 à 35% en 2020.

Au Québec, 68% des entreprises fonctionnent moins de 70 heures par semaine, soit un pourcentage similaire à 2018 (69%). Le Québec a toujours le pourcentage le plus élevé d’entreprise opérant à temps partiel, soit moins de 20 semaines par année (13%), mais ce nombre a diminué depuis 2018 (17%).

À titre individuel, la majorité des bûcherons continuent de travailler plus de 55 heures par semaine (58%). En 2018, seulement 39% des bûcherons québécois travaillaient 55 heures par semaine ou plus, mais en 2020, ce nombre est passé à 47%. 

Taille de l’entreprise
En termes de volumes de récolte, les entrepreneurs québécois ont les plus petites opérations, avec une moyenne estimée à 92 000 mètres cubes. D’après le son-dage, 23% des entreprises québécoises récoltent moins de 10 000 mètres cubes par année, le pourcentage le plus élevé de cette catégorie à l’échelle nationale. La majorité (52 %) récolte entre 10 000 et 250 000 mètres cubes par an.

Seulement 3% des entrepreneurs forestiers récoltent entre 750000 et 1 million de mètres cubes par an.

Le revenu annuel moyen estimé des entrepreneurs québécois est actuellement de 1,74 million de dollars, comparativement à 2,3 millions de dollars en 2018. Au Canada atlantique, ce chiffre est de 2,042 millions de dollars et en Ontario, ce chiffre grimpe à 3,983 millions de dollars. Dans l’ensemble, les exploitants forestiers de tout le pays déclarent des revenus inférieurs, probablement en raison de la faiblesse des marchés du bois en 2019. Compte tenu de l’essor du marché du bois en 2020 après le choc initial du COVID-19, nous pouvons nous attendre à ce que ces chiffres changent en 2022.

Pour ce qui est de la taille du parc d’équipement, le Québec compte toujours parmi les plus faibles au Canada, avec 58 % des entreprises québécoises possédant entre une et trois machines. Il s’agit d’une augmentation par rapport à 2018, alors que ce nombre était de 52%.

En moyenne, les bûcherons du Québec utilisent seulement sept pièces d’équipement, soit un peu moins que les huit pièces qu’ils utilisaient en 2018. L’Alberta utilise le plus d’équipement, avec une moyenne de 25 machines. 

Parallèlement, il y a eu une forte augmentation du pourcentage des opérations comptant 10 employés ou moins à travers le pays: de 41% en 2016 à 55% en 2020. Le Québec continue d’avoir les plus petites équipes, alors que 50% des billes sont récoltées avec une équipe comptant entre un et cinq employés, et 9% travaillent en solo.

Cependant, plus d’entrepreneurs québécois travaillent avec plus de 20 employés (18%) qu’en 2018 (12%). L’Alberta compte le plus d’employés, avec une moyenne de 32 employés.

Âge de l’entrepreneur
L’âge moyen des forestiers au Québec est passé de 40 ans en 2018 à 49 ans en 2020.Un quart des entrepreneurs québécois ont encore entre 36 et 45 ans, mais seulement 19% ont moins de 35 ans, une forte baisse par rapport à 2018 où ce nombre était de 31%. La tranche d’âge la plus importante est maintenant la catégorie des 55-65 ans, à 28%. Un autre 12 pour cent a plus de 65 ans. 

Planification de la relève
Les bûcherons québécois s’attendent toujours à être encore dans l’industrie pour une quinzaine d’années 15 ans. Plus d’un quart (26%) disent qu’ils resteront dans l’industrie pendant encore 20 ans. Seulement 23% prévoient de quitter l’industrie dans cinq ans ou moins.

Au Québec, 50% des entrepreneurs n’ont pas de plan de relève et seulement 7% prévoient vendre ou mettre aux enchères leur équipement et fermer, à court terme.

Avenir
L’échantillonnage de 70 entrepreneurs forestiers québécois ne permet pas de dresser un portrait complet de l’industrie, mais notre coup de sonde permet de faire certains constats sur l’industrie forestière du Québec. D’une part, les bûcherons québécois sont toujours parmi les plus rentables au pays et ont assez bien réussi à négocier les tarifs. Mais d’un autre côté, les coûts d’exploitation augmentent, tandis que les volumes de récolte restent faibles et que la main-d’œuvre vieillit. Cela rendra plus difficile d’attirer les jeunes travailleurs pour remplacer ceux qui prennent leur retraite, d’autant plus que la rémunération et les avantages sociaux des exploitants ont diminué. Il y a du travail à faire pour que le Québec continue d’avoir une industrie forestière prospère pour la prochaine génération. 


Cette enquête a été menée en avril et mai 2020 par le cabinet de recherche indépendant Bramm & Associates. Sur les, 271 répondants,  44 % provenaient de l’Ouest canadien, 26 % au Québec et le reste en Ontario, au Canada atlantique, et centre du Canada. Un grand merci à nos commanditaires pour avoir rendu cette recherche possible – Hultdins, Tigercat et John Deere.


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